PREMIERES PLUIES...

L'été s'en va, laissant la pluie et le froid se charger de la misère. Nous avons remonté nos couvertures, fermé les fenêtres, se satisfaisant peut-être d'un "qu'on est bien chez soi avec un temps pareil". Les pulls sont de retour aux placards, les shorts mis en carton avec les souvenirs des jambes des jolies filles. Une nouvelle saison arrive, les mères consciencieuses mettent leurs amoires en mode hiver. Cette pluie froide qui réchauffe nos maisons, refroidie vite certains esprits. Les sans toit voient sur cet écran de pluie bien d'autres choses. Le film leur rappelle le goût de l'humidité d'octobre à mai, la fatigue des pas sans espoir pour juste un bout de trottoir, le froid qui fait le sommeil parfois trop lourd, l'ouverture prochaine des lits à puces, la vision imminente des ombres des sapins qu'on décore, qu'on regarde, qu'on illumine, qui fait dire "putain, qu'est-ce que j'aimerai être un sapin." Cette pluie lourde de sens ote à certains celui de la vie. En partance pour l'errance et la survie, un porche au sec, l'encablure d'une porte que le vent n'ose déranger, des journées à chercher comment ne pas crever, au moins jusqu'à mai. Alors il sera temps de se reposer, de se retourner et de compter les corps qui ont cédé sous les fenêtres des gens qui remettent leurs placards en mode été.